Bienvenus au Club Med !

http://www.deezer.com/listen-240865



Qui aurait pu croire qu'au beau milieu de ce désert aride et sec se trouverait un tel joyaux de verdure ? L'oasis étalait ses richesses verdoyantes autour d'un lac dont l'eau claire était si bleue et si limpide. Le Comte n'en revenait toujours pas. Ces quelques lunes il avait profité des lieux comme un véritable vacancier, se languissant à l'ombre des palmiers qui se balançaient doucement sous le vent. La petite sieste après le repas était devenu un rituel obligatoire, il s'était aménagé une sorte de hamac avec de vieux bouts de tissus, et profitait pleinement de sa trouvaille. Oh comme la morsure de l'hiver Shangri-Laids semblait lointaine !

La végétation luxuriante des lieux facilitait bien les choses, il n'y avait qu'a se servir pour manger de savoureux fruit. Un véritable jardin d'Eden. Pour couronner le tout, il lui restait encore un peu de l'herbe du travailleur offerte par Shangri-La. Rien de tel qu'une petite fumette pour apaiser ses sens...

Cependant, entre deux siestes, le Comte travaillait. Bien obligé. Il avait trouvé un moyen pour récupérer facilement l'eau du lac. Même pas besoin de la filtrer comme l'eau du désert, on pouvait la boire directement. Un système de pompage manuel puisait l'eau dans le lac et la stockait dans un grande cuve de bois. A ce jour elle contenait déjà plus de 100 litres. Le Comte réfléchissait à fabriquer de petits tonneaux pour accrocher aux chameaux, ou alors un traineau pour transporter la cuve. Les outres du groupe ne pourrait jamais transporter une telle quantité d'eau !

Quoiqu'il en soit, la vie était belle sous ces tropiques, et les préoccupations du reste de la planète semblaient bien lointaines. Seule la radio leur rappelait parfois les massacres en cours, et les horreurs innommables commises. Mais c'était comme si le paradis qu'était cette oasis appartenait à un autre monde.

Le temps semblait s'être arrêté aux yeux du Comte, seul le bruit cinglant d'un harmonica tiré au bout d'une flèche venait perturber la tranquillité des lieux épisodiquement. Pour meubler les journées, le Comte eut l'idée d'organiser de petites joutes sportives. C'est ainsi qu'un soir près du feu, il fit part de son idée au groupe.

- De mon temps on appelait ça le Main Balle. Mais peut-être que ça vous parlera plus si je vous dis Beach-Volley ? J'ai envie de me dégourdir les jambes, voyez-vous, et puis quand les autres seront revenus, on sera juste assez pour faire deux équipes. Alors ça vous tente ?

Sinceham désigne brièvement du doigt la silhouette de Yen et de son chameau disparaissant dans l'obscurité en ce crépuscule. Puis l'harmoniciste se tourne vers les deux autres.

Ouais bein là nous existons par le chiffre 4 de quoi jouer en deux contre deux en attendant.

Il prend un air pensif en se frottant le menton mal rasé.

... Heh quant à la balle ?

Salut Tom.

La voix de l'harmoniciste est décidément de plus en plus instable, au moins autant que le regard lancé à l'adresse du revenant. Sinceham s'éloigne vers les sacs de provisions à quelques mètres du foyer (quelle idée de faire un feu à l'approche de l'été ?).

On le voit fouiller quelque peu entre plusieurs cadavres et bouts de cadavres animaux... végétaux... humains... animaux... humains... pour finalement en sortir et brandir une sorte de petit phacochère décapité.

Déjà de l'autre côté du feu le voit-on maintenant commencer à disséquer, à l'aide de quelques lamelles d'harmonica, le petit phacochère décapité. Le petit phacochère décapité s'ouvre finalement et déverse entre les mains à moitié consentantes divers organes puants et ensanglantés.

Avec un geste lent et solennel, l'harmoniciste retire du large trou du tronc du petit phacochère ensanglanté la vessie, la remplit prestement d'une bonne quantité d'air avec sa bouche qui en a vu d'autres et une fois la vessie bien gonflée, la referme d'un nœud habile et voilà voilà.

Tel Chaplin admirant son globe terrestre, Sinceham joue quelques instants avec la balle qui rebondit plutôt bien sur ses poings avant de la balancer sans prévenir sur le Gavroche dont nul ne sait s'il fait encore gaffe à ce que fabrique notre héros.

Le Comte salua chaleureusement le retour du groupe. Il remarqua que le Gavroche s'était débarrassé de son jouet humain, tant mieux, il ne sera plus contraint d’assister à cet horrible spectacle. Le Comte était sur le point de demander comment s'était déroulé leur petite escapade printanière, lorsqu'il vit la balle arriver sur lui comme un boulet de canon.

- Ouch !!

Il avait réussi à bloquer la balle contre son ventre, mais le boulet tiré par le géant lui avait coupé la respiration.

- Eh ben.... Vous n'y êtes pas allé de main morte..., haleta-il en reprenant le contrôle de son diaphragme.

Il fit tourner la balle improvisée entre ses mains, admirant l'ouvrage.

- Monsieur Sinceham je vous félicite, je n'aurai pas fait mieux. Je compte utiliser mon hamac en guise de filet. Nous trouverons bien deux arbres pour faire les poteaux.
Je suppose que vous voulez vous reposer ce soir, fit-il en se tournant vers les trois arrivants. Nous commencerons donc dès demain matin.
Monsieur Sinceham que diriez vous de montrer un peu à ce Gavroche de quoi nous sommes capables ?

Et sournoisement il relança la balle en direction du Gavroche.